Culture / patrimoine Bezanleu renaît de ses tuiles

La tuilerie de Bezanleu
Extérieur de la tuilerie de Bezanleu © Département de Seine-et-Marne / Marie Digard
En 2016, Désiré et Solange Sankara rachètent la Tuilerie de Bezanleu qui fut, au milieu du XIXe siècle, un haut lieu de fabrication de tuiles et de briques selon un mode de production artisanale. Tombés amoureux du site situé à Treuzy‑Levelay, ses nouveaux propriétaires veulent le réhabiliter pour redonner vie à un produit 100 % local. Interview.

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Une aventure soutenue par le Département

Imaginez‑vous un hameau paisible, perdu au milieu des champs, sans un bruit de voitures autour. Difficile de croire qu’au bout de ce chemin de terre se trouve l’un des plus gros sites industriels seine‑et‑marnais du début du XXe siècle. À l’époque, la Tuilerie de Bezanleu était à son apogée.

Mais depuis l’arrêt de la production, il y a 20 ans, le chant des oiseaux a remplacé le bruit des machines. « Il y a six ans nous avons découvert un lieu incroyable qui était à deux doigts de tomber en ruine », se remémore le couple Sankara. Lorsqu’ils sont devenus propriétaires, les 17 bâtiments de la tuilerie sont rongés par le temps et gagnés par la végétation.

Mais qu’importe, emportés par une passion et une envie folle de rénover, Désiré et Solange se lancent dans l’aventure, en parallèle de leurs activités à Paris. Afin de les soutenir dans leur projet, le Département de Seine-et-Marne offre une subvention de 45 000 € qui aidera à la réfection de la grande halle de séchage.

Tous les habitants du sud Seine‑et‑Marne peuvent s’associer au projet. Certains apportent une aide financière, d’autres participent aux rénovations. Pour les propriétaires, c’est un rêve qui se réalise : que les habitants du village, et au‑delà, s’approprient le projet pour perpétuer la mémoire de la tuilerie.

« Il y a une sorte de magie dans ce lieu »

Après une première salve de travaux, entre la restauration de la forge, transformée en logement, et la dé‑végétalisation de l’ensemble du site, le couple a commencé à imaginer son projet. « Il y a une sorte de magie dans ce lieu. Ce qui me plaît c’est que l’on puisse visualiser la création d’une tuile et se projeter dans l’atmosphère de l’époque avec l’atelier de forge, le bruit des wagonnets sur les rails... ».

Les idées foisonnent chez nos deux jeunes repreneurs : relancer l’activité de la tuilerie, aménager un musée avec toutes les anciennes machines qui ne pourront pas être restaurées, créer un café‑concert ouvert à tous, aménager le bois qui longe la tuilerie et transformer des clairières en salle de théâtre à ciel ouvert, etc.

Si pour l’instant les projets ne sont pas tous figés dans le marbre, ils sont sûrs d’une chose : ils souhaitent ouvrir le lieu à tous en préservant le patrimoine architectural et le savoir‑faire local qui perdure ici depuis plus de 200 ans.

aide-au-logement

Grâce au soutien financier d'un montant de 300 000 € de la Mission Bern, qui contribue à la sauvegarde du patrimoine français dans toute sa diversité, Désiré et Solange vont pouvoir rénover des édifices en danger, tels que la grande halle de séchage qui s’est en partie effondrée, ou encore la salle des machines qui subit des infiltrations, etc.

Un coup de main d'un ancien ouvrier

À la fin du XIXe siècle, l’activité de la tuilerie est très importante. Près de 80 ouvriers s’activent sur le lieu et plus de 60 000 produits (tuiles, briques, faîtières) sont fabriqués par fournée. Un siècle plus tard, Christophe Desagnat n’est qu’un enfant, mais la tuilerie, il la connaît depuis toujours.

Dans les années 1980, l’activité diminue. Seuls trois–quatre ouvriers assurent la production, et Christophe décide de venir occasionnellement donner un coup de main : « J’étais principalement chargé de remplir et vider les fours gallo‑romains. Mais mon moment favori c’était la sortie des tuiles du four parce qu’on pouvait voir comment le feu sublimait chaque tuile avec des couleurs différentes ».

Désormais, Christophe ne travaille plus à la tuilerie mais il apporte tout son soutien au projet de Solange et Désiré. « Je suis heureux que quelqu’un reprenne ce magnifique patrimoine industriel local ».

Focus

Depuis 2017, la tuilerie ouvre ses portes aux curieux lors de différents événements, comme pour les Journées européennes du patrimoine. À l’avenir, Désiré et Solange souhaitent ouvrir le lieu toute l’année afin de faire découvrir au plus grand nombre « que la France n’a pas que des châteaux à rénover, mais qu’elle possède aussi un véritable patrimoine industriel dont il faut prendre soin ».

Plus d'articles à consulter dans le nouveau numéro du Seine & Marne mag.

Seine & Marne mag n°141

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