Agriculture et forêts Portrait : Xavier Fender, producteur de légumes bio local

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La crise sanitaire actuelle offre « l’occasion de développer les fermes localement », selon Xavier Fender, maraîcher bio à Sancy-lès-Provins.

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Un retour à la terre

Depuis son enfance, Xavier Fender voulait devenir paysan. « C’est un vieux projet, que j’ai depuis petit », confit-il. Son fort intérêt pour la biodiversité l’a conduit à faire des études en agronomie végétale. Une fois diplômé de l’école AgroCampus Ouest à Angers, Xavier devient ingénieur paysagiste et s’installe au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis).

Ça m’a beaucoup plu. Mais j’avais toujours en tête ce projet de m’installer comme paysan. J’ai eu envie de changer et pendant un an et demi j’ai réfléchi à cette reconversion et à sa pertinence ».

Xavier Fender, maraîcher bio à Sancy-lès-Provins.

Pour devenir maraîcher bio en Île-de-France, Xavier a été formé par Abiosol cofinancé par la région et le Département de Seine-et-Marne. Soucieuse du respect de la biodiversité et du bien-être humain, ce collectif d’associations forme et accompagne les agriculteurs d’Île-de-France pour une agriculture respectueuse de l’environnement. Après un an de formation, Xavier quitte son métier et la capitale pour s’installer à la ferme Les Limons de Toulotte à Sancy-lès-Provins en 2015. Cette reconversion lui permet de faire une pierre deux coups : réaliser son projet d’enfance et se rapprocher de ses proches installés à Boissy-le-Châtel et dans les alentours de Coulommiers.

Depuis cinq ans, Xavier Fender cultive une grande variété de légumes bio : « J’essaie d’en rajouter chaque année mais généralement je cultive des radis, des poireaux, des laitues, des tomates, des poivrons, des concombres et puis toute sorte de variétés qui diffèrent comme des chouraves, des choux fleurs ou des choux de Bruxelles ». Au total, une quarantaine de légumes différents et plus de 120 variétés sont cultivés. « Mon objectif fondamental c’est d’avoir une grande diversité de produits et d’être en capacité de les fournir le plus longtemps possible ». Avec l’aide d’un stagiaire en reconversion professionnelle, Xavier produit entre 35 et 40 tonnes de légumes par an.

Une activité maintenue grâce à la solidarité

La crise sanitaire du Covid-19 et le confinement ont fragilisé l’activité de nombreux professionnels, tous secteurs confondus. Pour assurer l’activité des agriculteurs locaux, l’Association pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) s’est organisée pour continuer les distributions de fruits et légumes pendant le confinement. À la faveur de la saison, peu propice à la récolte, l’activité de Xavier Fender n’a pas été impactée par la crise : « Pour l’instant, il s’agit d’une période creuse de production. Je n’avais pas forcément une quantité de légumes très importante à fournir aux restaurants », explique t-il. La ferme des Limons de Toulotte livre principalement aux adhérents de l’AMAP alors qu’une petite partie de sa production est vendue aux restaurants aujourd’hui frappés de plein fouet par la crise. C’est grâce au réseau AMAP qui assure une sécurité économique aux agriculteurs que Xavier Fender a réussi à vivre de son activité malgré la crise actuelle.

Le principe de l’AMAP est simple : chaque adhérant, également appelé « AMAPIEN », s’engage sur un an à financer la récolte d’un agriculteur et, en contrepartie, à manger ce qu’il produit. En dépit des intempéries, des capacités techniques et du nombre de personnes à la ferme, les agriculteurs associés à l’AMAP ont la garantie d’un revenu régulier tout au long de l’année. « C’est une énorme sécurité », résume Xavier Fender. Mais à l’approche de l’été, la situation peut devenir difficile : « si les restaurants n’ouvrent pas ou s’ils ouvrent un minimum, cela va être compliqué », alerte t-il. Par ailleurs, l’achat de gel hydro-alcoolique et de masques, devenus aujourd’hui indispensables, « représente un coût important à long termes » explique le maraîcher.

On trouve des alternatives [pendant la crise sanitaire] avec l’idée de développer le plus local possible ».

Les paniers de légumes sont confectionnés à la ferme, puis livrés à l’AMAP de Rebais et à quelques AMAP de la capitale. Mais les produits des Limons de Toulotte sont aussi accessibles directement au grand public sans adhésion au préalable. Depuis septembre 2019, Xavier Fender a installé une petite boutique à la ferme. Pour acheter son panier, il suffit de faire sa commande sur le site cagette.net, avant de se rendre sur place pour la récupérer. « On prépare les commandes nominatives la veille au soir, pour vendre le lendemain entre 16h et 17h aux personnes qui viennent chercher leur commande ». Sans oublier les gestes barrières et la distanciation physique respectés à la ferme depuis le début du confinement. De plus, ce mois-ci, Xavier a vendu ses légumes pour la première fois dans un marché saisonnier aux alentours de la Ferté-Gaucher. « On trouve des alternatives [pendant la crise sanitaire] avec l’idée de développer le plus local possible », explique t-il.

Et ce n’est qu’un début. Plusieurs projets vont voir le jour. Dans les prochaines années à suivre, Xavier voudrait agrandir son verger de 350 arbres, améliorer l’organisation des serres et utiliser certains bâtiments vides de la ferme pour en faire un gîte. La réussite de la ferme biologique et locale Les Limons de Toulotte est un exemple de solidarité qui s’est manifestée pour développer une agriculture respectueuse de l’environnement.