Culture / patrimoine, Histoire, Personnalité historique, Archives Figures historiques en Seine-et-Marne (5/12) : la Mauresse de Moret

Date de publication de la page et auteur de publication
Créé le:
Un jour d’octobre 1695, une jeune femme noire s’apprête à entrer dans les ordres au sein du couvent de Moret-sur-Loing. L’arrivée de cette nouvelle nonne va avoir des conséquences jusqu’à la cour du roi, pourtant à plus de 100 kilomètres de là. Pourquoi ? Car une bourse lui a été donnée à vie par le roi lui-même… Étonnant, surtout lorsque l’on considère la place qui était faite aux noirs à cette époque. Encore aujourd’hui, la raison de cette aide demeure inconnue.
Une soirée de novembre 1664, toute la cour assiste à l’accouchement de Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV. Après un long travail, la naissance du troisième enfant du couple royal jette un froid à Versailles. « Mon dieu, elle est noire ! » s’exclame le Prince de Condé, cousin de Louis XIV. Dès lors, des rumeurs d’infidélités de la reine commencent à courir. Les proches du souverain tentent de lui expliquer que la couleur de peau de ce nouveau-né peut également s’expliquer par l’appétence de son épouse pour le chocolat... Les rumeurs s’arrêtent au bout de 40 jours avec l’annonce officielle de la mort de l’enfant, baptisée Marie-Anne.
Mais, 30 ans plus tard, elles reprennent à cause d’un évènement pour le moins inédit : toute la famille royale est invitée à assister à la prise de voile d’une jeune femme. Celle que l’on surnomme La Mauresse de Moret en est persuadée, elle est la fille du Roi Louis XIV. En plus de la bourse qu’elle touche, elle reçoit la visite de proches collaborateurs du roi, ainsi que des enfants et petits-enfants du souverain. Ce n’était pas du tout dans les habitudes de Sa Majesté, surtout que dans le même temps, le souverain promulguait le « Code Noir » qui visait à augmenter le commerce triangulaire et l’esclavage.

La proximité entre une religieuse noire dont on ignore l’origine, le nom de ses parents et sa véritable date de naissance, intrigue les historiens. Son nom de sœur « Louise-Marie de Sainte-Thérèse », choisi par la religieuse, interroge car on y retrouve les trois prénoms de ceux qu’elles considèrent comme ses parents : Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche. S’il n’existe aucun écrit prouvant cette théorie, l’historien amateur Serge Aroles a effectué un long travail de recherches dans les archives de France, d’Espagne et du Vatican. Selon lui, Louise-Marie de Sainte-Thérèse était bien fille de Louis XIV.
Cette théorie était aussi celle des proches du roi, à l’instar de Voltaire, qui a rencontré la religieuse, et a écrit dans son ouvrage Le siècle de Louis XIV que cette femme lui a « semblé ressembler au roi ». De même, le duc de Saint-Simon, historien officiel de la cour, affirmait dans ses mémoires que « la jeune fille a[vait] été placée au couvent pour étouffer le scandale de sa naissance ». Pour éteindre la rumeur, la nouvelle épouse du Roi-Soleil, Madame de Maintenon, se déplaça en personne jusqu’au couvent de Moret pour affirmer à la jeune religieuse qu’elle n’était pas de sang royal. La Mauresse lui rétorqua : « Si je n’avais pas été de sang royal, vous ne seriez pas venu jusqu’ici pour me le dire ! ».
Près de 300 ans plus tard, aucun écrit officiel ne confirme encore aujourd’hui qui est réellement la Mauresse de Moret. Les historiens restent partagés : soit Louise-Marie de Sainte-Thérèse était la fille illégitime de Louis XIV qu’il aurait eu avec une de ses domestiques, soit elle était belle et bien la fille de Marie-Thérèse d’Autriche et de l’un des domestiques proches du couple royal. Elle mourut dans l’anonymat en 1730 sans que personne ne sache où elle fut enterrée.
Très récemment, des documents ont été retrouvés donnant plus de poids à la théorie d’une fille illégitime du roi. D’abord une chemise, dotée d’un filigrane très rare et intitulé « Papiers concernant la Moresque de Moret fille de Louis 14 » a été découverte, mais sans les fameux papiers à l’intérieur. Les spécialistes pensent qu’ils ont été récupérés par des proches du souverain pour éviter qu’ils ne tombent dans de mauvaises mains. De plus, en 2014, un portrait de la religieuse a été identifié dans un musée des Vosges appelé « La princesse noire religieuse à Moret ». Ce tableau aurait été peint par le peintre officiel de Louis XIV, Pierre Gobert. Enfin, dans les notes de comptabilités royales retrouvées en 2017, apparaissent de gracieuses indemnités en faveur du Premier Valet de Chambre du Roi, Alexandre Bontemps, après plusieurs déplacements à Moret pour « Affaires concernant le service de Sa Majesté ».
Qui était donc la Mauresse de Moret ? Peut-être pourrez-vous résoudre ce mystère en consultant les documents détenus par les Archives départementales de Seine-et-Marne, concernant le couvent Notre Dame des Anges de Moret !
Chaque mois, la rédaction du Département met en lumière une figure historique en Seine-et-Marne, en partenariat avec les Archives départementales. Retrouvez dans cette série d’articles :
- Jean-François Millet, peintre de Barbizon,
- Camille Corot, peintre paysagiste,
- Angèle Mercier, résistante,
- Django Reinhardt, jazzman à Samois-sur-Seine
Actualités




Un nouveau CDI-Médiathèque à Villiers-Saint-Georges : une première en Île-de-France
Publié le

Que faire en juillet pendant les vacances estivales en Seine-et-Marne ?
Publié le

Le Conseil départemental des jeunes : retour sur une première édition réussie
Publié le
En ce moment

Spectacle Lumières de Blandy 2025 : l'héritage des vicomtes
Adresse : Place des Tours, 77115 Blandy-les-Tours
Du au

Cinéma en plein air Créneaux de la nuit 2025
Adresse : Place des Tours, 77115 Blandy-les-Tours
Du au

Spectacle Blandy enchanté 2025 : un noël en péril
Adresse : Place des Tours, 77115 Blandy-les-Tours
Du au